Propos recueillis par Elsa Floret et publiés sur le site agefi.com le 10 février 2018.

Trois ans après son lancement à Yverdon, la plateforme B2B spécialisée en vérifications pré-emploi (ou background check) de Michael Platen domine le marché bancaire.

Aequivalent est une plateforme B2B de vérifications pré-emploi pour les employeurs suisses, fondée au parc technologique YPARC à Yverdon en 2015 par Michael Platen, serial entrepreneur d’origine hollandaise et actif en Suisse depuis presque 20 ans. Au départ, ce nouvel outil technologique développé et hébergé entièrement en Suisse devait servir comme aide au recrutement, le premier métier de Michael Platen. Mais la réglementation de la FINMA sur le personnel bancaire suisse dans le cadre des risques opérationnels, la lutte contre le blanchiment d’argent, ainsi que les nouvelles lois LsFin et LeFin, a rendu le Know Your Employee (KYE) tout aussi important que le Know Your Client (KYC). Et face à la demande des banques, la start-up Aequivalent est devenue en trois ans une regtech spécialisée sur le secteur bancaire. Plus de la moitié des plus grandes banques en Suisse romande figure parmi ses clients, et les premières banques suisses allemandes ont été on-boardées, il y a plus de 6 mois.

«Dans les pays anglo-saxons, le background check est très répandu, mais le traitement des données y est opaque.»

Si l’activité des vérifications pré-emploi reste encore confidentielle en Suisse, elle est très répandue dans les pays anglo-saxons, où elle s’intitule background check. Le business model de Michael Platen est de s’adresser directement aux employeurs et non aux intermédiaires comme les recruteurs, afin d’éviter tout conflit d’intérêt. Ces derniers perçoivent une commission lorsqu’ils placent un candidat chez un employeur. Après la banque, Aequivalent vise le développement d’autres marchés, où la vérification de candidats ou d’employés revêt toute son importance: le secteur de la santé en Suisse par exemple. Avant la phase d’internationalisation, après 2020. Entretien avec Michael Platen.

«70% des CV ont de fausses informations, 80% des candidats ignorent leur présence sur le net.»

Pour quelles raisons les vérifications pré-emploi restent-elles encore confidentielles en Suisse ?

C’est dans la mentalité des employeurs suisses, qui font confiance. Mais cette attitude est en train de changer, sous l’effet de la règlementation dans le cas spécifique du secteur bancaire, d’une part et sous l’effet du coût d’une erreur de recrutement, d’autre part. Rappelons ici qu’un salaire annuel équivaut au coût estimé d’une erreur de casting, mais sans compter les dommages sur la réputation de l’organisation si l’erreur est médiatisée. Plus de 70% des CV et documents contiennent des informations erronées et 80% des candidats ignorent leur présence publique sur le net. Dans les pays anglo-saxons, le background check est déjà très répandu, mais le traitement des données y est plus opaque car on ne sait pas toujours où sont stockées ni traitées les données.

Quel est le business model d’Aequivalent ?

Nous sommes les premiers en Suisse à avoir développé une plateforme digitale B2B pour les vérifications pré-emploi. Sous mandats de nos clients, les employeurs suisses, nous informons les candidats et obtenons leur accord pour la suite de notre investigation réalisée en toute indépendance et objectivité. Nous excluons tout conflit d’intérêt en travaillant directement avec les employeurs et non les agences de recrutement, qui sont rémunérées par une commission sur leur placement. A 90% nos clients sont des banques, des ONG et des marques de luxe. Un prochain secteur que nous visons est celui de la santé ou les risques des erreurs de recrutement sont particulièrement sensibles.

Quelles sont les implications de la LPD (Loi sur la protection des données) en Suisse et le GDPR (européen) sur votre métier et sur les données des candidats que vous transmettez aux employeurs ?

Aequivalent respecte ces lois et leurs implications ont été intégrées dans le développement de la plateforme. Le candidat est informé préalablement et de façon détaillée du contenu des programmes de vérification que son employeur souhaite faire. On ne fait rien sans son consentement. Toutes les données récoltées sont détruites automatiquement après 90 jours pour respecter le droit à l’oubli. Ces procédures concernent d’ailleurs tant les candidats (pre-employment) que les employés (in-employment) dont nous sommes souvent chargés d’actualiser les checks. Environ 50% des candidats/employés que nous vérifions sont étrangers et 25% résident à l’étranger. Quant aux employeurs, ils doivent bien entendu s’y soumettre. Si le candidat est engagé, il a le droit de demander à son employeur quelles sont les informations que ce dernier possède sur lui. Le consentement et le droit à l’oubli ont été renforcés dans la nouvelle loi.

Quid de la concurrence en Suisse ?

Nous n’avons pas vraiment de concurrent. Cette activité de screening est aussi proposée par des détectives privés, qui font des due diligence dans un cadre pré-contractuel à leur manière, en interne chez certains employeurs, par des cabinets de placement ou alors des fournisseurs étrangers. Aequivalent est le seul acteur suisse spécialisé.

Quelles sont les statistiques dont vous disposez sur la fraude dans les CV en Suisse ?

Lors de notre Forum du 26 février auprès des RH, nous allons dévoiler des statistiques dont nous disposons aujourd’hui. On ne peut pas parler des fraudes sur les CV en général par contre, car dans 90% des cas, les candidats que nous vérifions sont prêts à signer et notre travail intervient en dernier, après une importante sélection par l’employeur. Mais même à ce stade entre 5% et 10% de ces candidats ne déclarent pas la vérité sur un ou plusieurs éléments importants, ce qui donne une alerte rouge sur le rapport établi. Plus de 40% des personnes font état d’informations imprécises, que nous signalons également avec une alerte orange.

Date de publication : 19.02.2018

Auteur : équipe marketing et commerciale d’Aequivalent